Les tableaux de Thomas Dreyfuss procèdent de la posture d’individus, souvent isolés. Il s’agit de capter l’instant présent, les émotions et de tenter de révéler les êtres. Nous ne connaissons rien des histoires personnelles de ces personnages.
D’autant que ce sont des adolescents. Tous, confrontés à cette difficile période d’entre deux, qui naît d’une rupture et mène vers un inconnu, où l’identité se construit et où les réactions apparaissent facilement exacerbées, changeantes, oscillant entre rage et désespoir.
L’artiste ne cherche pas à dépeindre la vie de ses modèles. Au contraire. Il invite le spectateur à se faire maitre de la narration, à prendre lui même place au sein du tableau.
Le travail expressionniste qui régit les toiles, mêlant contrastes fort, traits larges et épais participent de cette volonté, créant une sensation d’instabilité, de malaise, qui rappelle que ces états sont fragiles, instables et peuvent se dérober à tout moment. Comme il en va de la jeunesse.
Le spectateur se trouve peu à peu seul, face à ces corps dont le cadrage serré, parfois fragmenté, continue d’interroger, et oblige à la prise de conscience.
Les toiles sont peintes en une seule fois, sans reprise. A l’instar des instants fugaces que le peintre a réussi à capturer de la vie de ces jeunes adultes. La spontanéité et l’urgence sont nécessaires à l’élaboration de ses toiles, lui permettant de s’extraire de son sujet, retranscrivant la sensation et l’émoi suscités par la rencontre.
Les tableaux de Thomas Dreyfuss n’appellent pas à la neutralité. Petit à petit, ils nous obligent à nous interroger. Sur nous. Sur notre avenir. D’une manière totalement inattendue.