On peut ressentir une incommensurable liberté à l’exercice de la peinture ; lorsqu’elle est abstraite, gestuelle, d’une spontanéité directe tout particulièrement. L’ acte direct sur le support, ce geste lâché c’est le premier temps de l’œuvre. Le hasard semble même y avoir le beau rôle, mener la danse, conduire la chose à ma place. Je suis parfois tenté de le laisser décider pour moi. Mais ce serait sans compter ce moment où un enjeu singulier apparaît, incommensurable lui aussi et impératif, d’un enjeu nouveau, inouï – y a-t-il un équivalent dans le visuel à ce terme d’inouï ? – c’est cette réalité qui se laisse deviner – une probabilité d’abord – subtile, infime parfois jusqu’à l’illusion mais inconditionnelle. Cet instant est précieux. Je dois le voir à temps, l’apercevoir plutôt dans la broussaille des formes. C’est un instinct de chasseur qu’il faut ici. Et je me mets moi-même en demeure de faire émerger cette forme. Je dois en faire une vraie présence. Le mode de toute peinture est la présence. Et je me prends à espérer qu’elle deviendra évidence, qu’elle fera évidence aux yeux de tous, non seulement du connaisseur, du curieux d’art, mais aussi et peut-être surtout du visiteur de Zig Zag Gentilly 2023.